QUANT À VOUS, TENEZ-VOUS LOIN DE MOI

 

Je ne vous demande pas d’entrer pieusement

dans ma cellule d’anachorète.

Je vous demande de vous tenir loin de son seuil de pierre,

De vous borner à considérer de loin, craintivement mais soulagés.

Je vous demande de la contourner,

En la situant dans un centre

De reconnaissance.

Il ne faut pas mettre les pieds deux fois

Aux approches de ma cellule,

Prête à s’écrouler sur le rocher de la Montagne,

D’où l’ont retranchée et creusée ces paumes à moi

Dans la solitude de la nuit

Et de la pensée unique.

Continuez à rester loin de moi

Et gardez-vous de ce que je vous aperçoive dans la lumière

Laquelle déborde de l’Infini !

 

 

TOUJOURS EN TANT QUE PETIT CHAPERON ROUGE

 

Je suis toujours croqué par le loup-garou

à la place du Petit Chaperon Rouge,

même si dans les forêts s’allument à présent des candélabres

et le fauve peut être aperçu de loin.

Le loup me dévore toujours, systématiquement,

tous les jeudis, quand je me démets de ce monde-ci

pour me rendre dans l’autre.

Il me dévore et me chatouille

A chacune de ses bouchées joyeusement voraces

En rêvant d’une réincarnation bien fondée et plus durable. 

O, mon Dieu, pourquoi suis-je toujours tenu à tout reprendre

A zéro ? Pourquoi ne suis-je mis que dans cette affreuse alternative

Le commencement et l’aboutissement imminent,

Toujours tragique et toujours bestial

Dans une scène propre au Moyen Âge ?

Et pourquoi je reviens, si je suis bon pour le seul festin

Du loup garou,

Dans une de ces scènes qui commencent toujours par la fin

Avec la gloutonne dévoration et le douloureux plaisir

Du sang ?

O, mon Dieu, entends-tu la question – véritable tourmente de neige – de ton esclave

Ou, tout ce qui est, fait la sourde oreille tout autour –

Serait-ce là ton silence impérial ?