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qu’elle s’attache à connaître Dieu à travers ses manifestations tangibles dont l’ensemble forme la Vie universelle alors que la théologie ne s’en tient qu’à l’étude scolastique des Écritures et des dogmes.

 

Ne dissimulant point les choix intellectuels et spirituels qu’il avait faits, Goethe disait de sa religion que « si le néoplatonisme (autrement dit la gnose) en était la base, l’hermétisme, la mystique, la kabbale lui fournirent aussi leur apport ».

 

Goethe était avant tout l’homme de toutes les passions et son inextinguible appétit de savoir qui fit de lui un touche-à-tout génial en lui laissant pressentir la convergence des connaissances traditionnelles et des connaissances scientifiques donne à son œuvre une amplitude remarquable. C’est un cri, c’est un souffle, c’est un appel, c’est une mobilisation, c’est un monument majestueux dont il faut caresser longuement chaque pierre, saisir à chaque pas un rayon de lumière, vibrer à chaque écho jailli de la cascade des orgues flamboyantes.

 

Tout le monde connaît la légende de Faust, ce vieux savant, sans doute un alchimiste, qui fit avec le Diable un accord… diabolique. Breuvages et miroirs, regrets du temps qui passe ridant les souvenirs, beauté de cette Hélène, éternel féminin, magie réparatrice d’un monde défiguré où les humains tournoient au vent de leurs bassesses, magie qui fait franchir les ultimes miroirs qui nous séparent encore de notre vrai destin, breuvages doux-amers qui coulent en nos âmes et font de nous ces dieux que nous voudrions être. Tout cela est dans Faust, tout cela est dans Goethe.

 

Comme tous les vrais poètes, Goethe pressent que sa véritable demeure n’est pas de ce monde. On sait que derrière les miroirs qui ne nous renvoient que l’image des apparences, que le reflet moqueur de nos inquiétudes, que la copie conforme des masques avec lesquels nous traversons ce que nous appelons la vie, il est un autre monde à jamais interdit à tous ceux qui ont peur de frapper à la porte que, dans « Les Maîtres Mots », Goethe appelle « Espérance » :

 

« Mais voici que s’ouvre le verrou de cette porte lugubre, de cette borne, de ces murs d’airain : à présent, elle peut bien se dresser aussi vieille que les roches. Car une fée légère s’agite, délivrée de tous liens : loin des voiles de brume, des nuées et des tourbillons pluvieux, en son essor ailé, elle nous emporte vers les hauteurs. Vous la connaissez ! Elle voltige à travers tous les espaces : un coup d’aile ! et nous laissons derrière nous les éons, le royaume de l’éternelle Fatalité ».

 

Bien sûr, celui qui affirmait que « la perception du monde coloré est une des voies vers le monde intérieur, tout éclairé de vie spirituelle » ne pouvait ignorer que le but suprême de toutes les initiations orientales et occidentales vise à arracher l’humanité à son infernal destin et à le libérer de cette fatalité qui l’empêche d’aller au-delà d’elle-même.

 

Et puis. Et puis, rejetant tout aux greniers de l’histoire, voici que Mallarmé, Verlaine, Rimbaud et quelques autres ont brisé le miroir et redonné au Verbe et aux Mots la Force et la Magie dont ils étaient ornés à leur commencement, avant que les savants et les beaux esprits n’en fissent les outils de notre vie sociale et ne les réduisissent à nos simples échanges quotidiens.

 

Il fallait leur redonner vie. Il fallait, tels les dieux au temps d’avant le temps, réapprendre à jouer avec des mots vivants, oublier les conventions littéraires pour recombiner

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