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que l’on devine. Peut-être pas. Et pourrait-on jurer que la rose à la découverte de laquelle il conviait la mignonne en question n’est que la jolie fleur éclose du matin ? Ou encore qu’il ne songe qu’à conter fleurette à la charmante Hélène, la pressant de répondre à sa flamme avant que de vieillir, quand il écrit :

 

« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain,

« Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ».

 

 Ne pratiquait-il pas la « langue des oiseaux » comme le firent et le font encore tous les vrais poètes et, par extension, tous les artistes : peintres, sculpteurs, compositeurs, etc. ? Attention, attention, un quatrain peut en cacher un autre…

 

 

Les poètes sont des alchimistes qui transforment le plomb des lettres et des mots en des images d’or. Qu’on les couvre d’encens, qu’on les jette en prison, c’est dans le creuset de leur âme qu’ils transmuent les métaux de gloire ou de rejet, c’est de la décoction des chagrins et des haines qu’ils extraient la brillance solaire que l’on appelle amour, cet amour cosmique que pas un cœur humain ne saurait contenir et qui plane au-delà des mécaniques sensuelles.

 

Bien qu’il ne figure pas dans la galerie des poètes (stricto sensu), Charles Perrault (1628-1703) mérite de figurer au nombre des écrivains, toutes tendances confondues, qui ont manié avec bonheur l’allégorie. Nous rêvons avec lui dans ce monde de fées où, d’un bond, l’on franchit SEPT lieues (c'est-à-dire les SEPT opérations du Grand-Œuvre alchimique), où les citrouilles se transforment en carrosses avant de redevenir citrouilles (comme l’or retombe en poussière entre les mains de l’incrédule ou du thésauriseur), où les baguettes magiques ressemblent à s’y méprendre aux épées avec lesquelles on adoubait les Chevaliers initiés de la Table Ronde (Ronde, donc universelle), où certains mots prodigieux évoquent ces mots sacrés et imprononçables qui sont censés donner l’accès aux connaissances supérieures.

 

Traversons quelques siècles pour arriver jusqu’à Victor Hugo, poète averti s’il en fût si l’on s’en réfère à sa « Légende des Siècles ». De « La Bouche d’Ombre », poème écrit en exil en 1855, extrayons ces quelques alexandrins dans lesquels il semble avoir désiré concilier la tradition et la science en un temps où triomphaient le positivisme d’Auguste Comte et le rationalisme d’Ernest Renan :

 

« Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un.

« Une pensée emplit le tumulte superbe.

« Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le verbe.

« Tout, comme toi, gémit, ou chante comme moi ;

« Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi

« Tout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammes,

« Arbres, roseaux, rochers, tout vit ! Tout est plein d’âmes ».

 

On aura reconnu dans le tumulte superbe la musique des sphères, chère à Platon. Ce verbe que Dieu mêla au bruit, c’est le « logos » des gnostiques, c'est-à-dire l’Esprit ordonnant le chaos. Tout est plein d’âmes, voilà ce que les traditionalistes savent depuis longtemps, depuis toujours sans doute, mais que les religions occidentales anthropocentriques ont toujours nié et que la science officielle a commencé à admettre seulement en la seconde moitié du XXe siècle.

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