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LA RELIGIOSITÉ DES ÉTATS INCANTATOIRES

La poésie de Paul Sân-Petru

 

 

 

            Un exquis, mais discret acteur du phénomène poétique contemporain, affirmé en même temps que les leaders de la génération des années ’60, mais nullement impliqué dans les dimensions anecdotiques de sa génération – pour avoir préféré la province et la médecine, Paul Sân-Petru (de son vrai nom Paul Cioriciu) s’est mis plutôt en quête des dimensions de l’expérience de vie et des contextes des états méditatifs. Plutôt traditionaliste à ses débuts, animé d’extensions solaires, apolliniennes, il a évolué vers une poésie religieuse, calme, solaire, soutenue par la spiritualité mystique de la musique - laquelle réunit toutes les significations artistiques. Durant près de deux décennies d’activité poétique, il a publié seulement dix volumes de vers: en 1969: TRACES, éd. ESPLA, en 1975: POÈMES, éd. Eminescu, en 1976: TERRE DE BIENVENUE, éd. Le Livre Roumain, en 1981: LA BALANCE DU SOLEIL, éd. Eminescu, en 1985: SAISON, éd. Junimea, en 1999: POÈMES ROYAUX, éd. Noeuds et Signes, POÈMES CHRÉTIENS, éd. Vie et Santé, SACRA CORALIA, éd. Zappy’s, en 2002: POÈMES ANTISATANIQUES, éd. Vie et Santé.

            Ce médecin est poète, prosateur, publiciste, musicien, compositeur, interprète, sculpteur – mais est-il rien que notre médecin ne soit pas lui-même ? – une nature artistique exceptionnelle ! Dans tous les arts, il se représente d’une manière superlative, professionnelle, au plus haut niveau performant possible. Paradoxalement, cette incroyable polyvalence artistique ne l’a pas aidé à devenir plus (re-)connu dans le monde artistique et culturel. De là, il ne faut point déduire (tant s’en faut !) que ce super-talent s’est perdu ou diminué ou dissipé! Loin de là ! Au contraire, les talents se sont épaulés l’un l’autre et sa gigantesque créativité s’est représentée constamment, d’une manière superlative, dans tous les domaines. Certes, le poète est plus connu pour ses recueils, mais, plus récemment, le prosateur – auteur de textes paraboliques, à visions immatérielles, ineffables – peut être côté comme un créateur original et puissant. Il ne s’agit pas d’une polyvalence conventionnelle, froide, impersonnelle, mais d’une multilatéralité qui exprime diversement une personnalité accentuée. Il faut souligner que la religiosité et la composante musicale s’interpénètrent et se décantent telles des terrasses des significations profondes de la poésie. Ajoutons tout de suite que sa poésie ne se rend pas immédiatement accessible; le discours lyrique, musical, incantatoire, cache, sous des plis hermétiques, des significations initiatiques et ésotériques. Cependant, sa poésie n’est pas explicitement (ou programmatiquement) hermétique, mais d’une manière plutôt voilée métaphysique, et le partenaire de dialogue, abscons et spéculatif, est identifié à Dieu lui-même. L’Ego se contamine de l’Alter ego, le Moi devient l’Autre au sens rimbaldien de la réception multi-angulaire du monde, un monde comme sur pied de guerre, en état de confrontation métaphysique.   

            L’enjeu de la poésie est gigantesque, d’une révélation infernale, puisque l’auteur détient l’instinct coagulant, constructif, voire l’esprit dantesque d’interrogation des mondes. Le projet cosmogonique est le résultat-même du dialogue muet de l’actant lyrique avec Dieu lui-même: „Oui, c’est bien moi-même celui qui écrit / Pourtant, un tout autre me dit quoi écrire; / et combien nombreux les péchés du scribe / pour le compte de celui qui ose penser! A cela près que si j’étais moi l’un et l’Autre / je pourrais être responsable de mes propres péchés // Mais quelle profession, donc, Seigneur, / considères-tu comme plus proche de la tienne propre/ Cela va sans dire, celle qui s’occupe de parler / et non pas celle qui s’occupe d’écrire // Et quelle déroute s’empare de la pensée / quand l’écriture / ne s’avère plus

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