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Rappelons que la pierre philosophale était pour les alchimistes la panacée indispensable à la transmutation des métaux comme à la fabrication de l’élixir de longue vie.

 

 

Dans « Le théâtre et son double », publié trois ans plus tard, c'est-à-dire en 1932, Antonin Artaud prolonge la pensée d’André Breton :

 

« Entre la haute magie et ce que Breton ne craint pas d’appeler la haute poésie (entendez le surréalisme), semble exister une profonde unité de préoccupation. L’opération théâtrale de faire de l’or, par l’immensité des conflits qu’elle provoque, par le nombre prodigieux de forces qu’elle jette l’une contre l’autre et qu’elle émeut, par cet appel à une sorte de rebrassement essentiel débordant de conséquences et chargé de spiritualité, évoque finalement à l’esprit une pureté absolue et abstraite, après laquelle il n’y a plus rien et que l’on pourrait concevoir comme une note unique, une sorte de note limite, happée au vol et qui serait la partie organique d’une indescriptible vibration ».

 

 

Quand presque un demi-siècle plus tard, en 1971, Michel Carouges tentera une pénétration plus aiguë de la poésie surréaliste, nous lirons sous sa plume :

 

 

« On sait que le mot poésie ne désigne une fabrication ordinaire que pour ceux qui la réduisent à une joaillerie verbale. Pour ceux qui ont conservé le sens du mystère poétique, la poésie est une action sacrée… Comme l’alchimie, elle entend s’associer au mystère de la création primordiale, c'est-à-dire accomplir le Grand-Œuvre dans le foyer du microcosme…

« Cela montre comment, pour les alchimistes, l’opération matérielle de la transmutation prenait une valeur poétique magico-sacrée… Ainsi, l’alchimie est poésie au sens le plus fort du terme et le surréalisme est vraiment une transmutation alchimique. Par la transmutation de la matière minérale ou verbale, l’une comme l’autre ont pour but la métamorphose de l’homme et du cosmos ».

 

 

Bien entendu, dans cette métamorphose évoquée par Carouges, on retrouve les grands thèmes initiatiques de l’alchimie spirituelle, de la « Réintégration » par la décristallisation de la matière, ce que d’autre, en d’autres lieux, appellent le Nirvana.

 

 

Ne s’agit-il pas, en tout état de cause, d’un paradis perdu dont la confuse réminiscence nous pousse à l’éternelle insatisfaction de notre état présent d’âmes emprisonnées dans des corps indigents ? Et c’est encore Breton qui constate :

 

 

« La vie actuelle est grise et misérable, elle n’est plus un paradis et, par contre, elle a un aspect ruiniforme caractéristique : nous vivons dans les décombres du paradis »,

 

tandis qu’il rejette ce monde des apparences en lequel nous vivons, rappelant que :

 

« l’idée de surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique par un moyen qui n’est autre que la descente vertigineuse en nous, l’illumination systématique

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